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Rivendell
18 septembre 2012

A six pieds !

cimetiere

 

Devant la pierre froide de granit, je m'incline et mon âme plonge à six pieds.
Je sais qu'elles sont là, toutes deux figées dans le marbre de cette non-vie.
Je les imagine là endormies à jamais leurs yeux clos, leurs lèvres closes.
Pour moi, le ciel est immense, la vie est infinie, je n'irai jamais là où elles sont!
J'aurai voulu leur dire que je n'étais pas l'ombre qu'elles imaginaient,
Que derrière mon regard de petite fille il y avait tant d'amour à donner.

J'aurai voulu lui dire, à elle ma mère, celle qui m'a donné la vie,
Toute l'affection que j'avais pour elle, malgré l'indifférence qu'elle me donnait.
A travers mes actes, j'étais là pour épauler les souffrances de son âme torturée.
Elle, n'a jamais rien vu au delà de mes contours fantômes, de mes gestes gratuits.
J'aurai voulu l'entendre me dire, les "je t'aime" dont un enfant se nourri pour grandir.
J'aurai voulu qu'elle me voit, ne serait-ce qu'une seule fois, telle que je suis vraiment.

Devant la pierre froide de granit, s'effritent mes souvenirs gâchés à six pieds.
On ne refait pas son monde, on grandi comme on peut, on construit sa vie comme on peut.
J'aurai pu être bancale, me perdre dans l'espérance vaine d'une mère que je rêvais autre,
J'aurai pu lui en vouloir, fuir et ne plus supporter de n'être qu'un petit grain de sable,
Mais, j'avais dans le cœur une paire d'ailes, qui m'a permis de survoler les manques,
Depuis, je flotte aux dessus des nuages, en évitant de prendre les orages en pleine face!

J'aurai voulu lui dire, à elle ma mère, celle qui m'a donné l'envie,
De tout étreindre à plein cœur, de vivre comme si c'était la dernière heure.
Mais elle ne m'entendait pas, ne me voyait pas, pour elle je n'existais simplement pas.
Je l'ai trouvé, molle à mes pieds, sans souffle sous mes doigts, déjà si loin de moi…
J'aurai pu lui dire que j'étais encore là ce jour là, mais "trop tard" résonnait déjà!
Savait-elle que je l'aimais, elle que longtemps j'ai cherché à capter un seul de ses regards?

Je voudrais leur dire, à elles mes filles, auxquelles j'ai donné l'envie de vivre,
Que nulle pierre grise et froide ne recouvrira jamais mon cœur à six pieds.
Qu'elles ont fait de moi une maman et qu'elles sont ma plus grande fierté.
Je leur dit tout l'amour qui en moi et je leur souffle l'envie d'aller très loin,
Découvrir le vaste monde et surtout étreindre l'amour à plein bras,
Celui que l'on donne sans compter, celui que l'on reçoit avec tendresse….

A six pieds nous ne sommes que poussière,
Il ne suffit pas de donner la vie,
On doit porter sa chair à bout de bras
Il ne suffit pas de donner l'amour,
Il faut sans cesse en attiser les braises.
A six pieds il sera trop tard……
 

Valérie Pes

Texte sous Copyrigth  68768005_p

 

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Commentaires
R
Ces "histoires" là, font sans aucun doute les personnes que nous sommes ! <br /> <br /> C'est peut être un peu "à cause" ou plutôt "grâce à" ça que nous "voyageons" sur un fil de vie qui se ressemble... <br /> <br /> Bisous <3
E
Puissant et tellement essentiel... Bravo réussir à mettre des mots aussi justes sur ces essentiels. <br /> <br /> "Il ne suffit pas de donner la vie,<br /> <br /> On doit porter sa chair à bout de bras"<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a des passerelles d'histoires entre nous, même si de mon côté, j'ai simplement tourné les talons et fait mon deuil d'enfant, avant le deuil de granit.<br /> <br /> Bisous <3
Rivendell
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